Apiculture #01
Aujourd’hui je vais tenter un nouveau format. Plutôt que de seulement parler de moi et de mes angoisses, je vais essayer de vous partager des informations sur des sujets qui me tiennent à cœur et qui, à mon avis, sont trop peu ou trop mal traités dans les médias généralistes. On attaque cette première occurence avec un sujet qui me touche directement : l’orthographe.

Régulièrement, on peut lire dans les journaux* que l’orthographe est de plus en plus délaissée, que les jeunes ne savent plus écrire et que la langue française est de moins en moins respectée.
Généralement, quand un article nomme “les jeunes” dans son titre, ce n’est pas bon signe. Bien que de nombreuses personnes de ma génération aient en effet abandonné l’effort d’apprendre les règles de la langue, je voudrais tout de même partager une expérience personnelle intéressante : dans ma précédente entreprise, les “grandes personnes” faisaient davantage de fautes d’orthographe que mes collègues plus jeunes. Plus amusant encore : plus on montait dans la hiérarchie, moins les mails étaient corrects. Je trouve ça ironique quand de nombreuses annonces d’embauche comportent la mention “orthographe irréprochable obligatoire”.

En ce qui concerne ma génération, j’entends souvent la phrase : “je m’en fous de bien écrire, du moment qu’on me comprend”. Si l’on met de côté le fait que l’orthographe de certaines personnes empêche clairement la compréhension de leurs textes, il est vrai que le langage sert à la base simplement à communiquer, alors si tout le monde se comprend, pourquoi établir des règles aussi précises et pénibles ?
Dans son essai Bâtons, Chiffres et Lettres, l’écrivain Raymond Queneau écrivait : “L’orthographe est de respect ; c’est une sorte de politesse”. Je suis partiellement d’accord avec cette citation. Pour de la conversation quotidienne, à l’oral, le langage soutenu sonne caricatural, voire faux aujourd’hui, et ce pour tout le monde. Je ne serais donc pas choqué de voir la langue écrite évoluer de la même manière et distinguer les textes personnels des textes professionnels, gardant cette notion de respect, de politesse, uniquement pour qui concerne le monde de l’école, du travail et de l’administratif.

En revanche, une citation avec laquelle je suis entièrement d’accord est celle de l’essayiste Alain : “Je regrette l’Y de l’ancienne orthographe du mot abîme. Car Y était du nombre de ces lettres qui ont un double avantage : indiquer l’étymologie et faire peindre la chose par le mot : ABYME”. La langue française est belle, je ne veux pas qu’on l’abîme davantage. Cependant il s’agit là d’un avis purement subjectif, et puisqu’il n’y a pas d’objectivité dans le beau, pourquoi les gens n’auraient-ils pas le droit de trouver la langue moche ?
En fin de compte, faut-il garder ce côté immuable de la langue française ou doit-on la faire évoluer ? Avant de conclure, je tiens à dire que j’ai passé récemment la Certification Voltaire qui atteste d’un certain niveau en orthographe. Évaluation sur 1000 points, on est considéré comme expert à partir de 900. Quelle ne fut pas ma déception quand j’ai découvert que j’avais un score de seulement 816. Ceci dit, juste en-dessous de mon score, il y avait une mention : “Félicitations ! Parmi les personnes ayant passé le Certificat Voltaire depuis la création de l’examen, 93.1% ont un score inférieur au vôtre”.

Avec ce score, bien en-dessous du statut d’expert, je fais donc partie des 6.9% de personnes ayant les meilleurs résultats. D’un côté, je suis extrêmement fier. De l’autre, je me dis que le français est l’une des pires langues pour communiquer si la très large majorité de ceux qui la parlent n’en connaissent pas les règles. A vous de trancher le débat éternel : si toute une classe se plante à un examen, est-ce qu’on doit considérer que tous les élèves ont échoué ou bien seulement le professeur ?
Je vous laisse avec un TEDx réalisé par deux linguistes d’origine belge qui m’a beaucoup fait réfléchir à la question, qui est très intéressant en plus d’être bien fun, et qui mérite largement 18 minutes de votre temps si ce sujet vous tient à cœur :

* Alors oui, quand je parle de média, je ne parle que de presse écrite ou web, je n’ai strictement aucune idée de ce qu’il se passe à la télévision ou sur les bandes FM, désolé.
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